CHAPITRE III

Les appartements de Leia comptaient parmi les plus spacieux et les plus pratiques du Palais abandonné par l’Empereur… La pièce où elle se trouvait résonnait tant qu’elle lui paraissait vide. Leia Organa Solo, ancienne princesse – et actuellement ministre d’Etat de la Nouvelle République –, se sentait fatiguée après une rude journée.

Le meilleur moment avait été la prestation triomphale de Luke devant l’assemblée. Mais ce n’était qu’un détail dans une journée hérissée de problèmes : des contradictions, dans un traité multilingue, que même 6PO n’était pas parvenu à déceler, des restrictions culturelles qui rendaient la diplomatie presque impossible… Sa tête en tournait encore !

En entrant dans ses appartements, elle plissa le front.

– Illumination plus deux points, lança-t-elle à l’ordinateur.

L’éclairage s’intensifia, repoussant les ombres.

Yan et Chewbacca étaient partis rétablir le contact avec la planète Kessel. Pour son époux, sillonner la Galaxie devait être un moyen de revivre « le bon vieux temps ».

Parfois, elle se demandait si Yan ne regrettait pas d’avoir épousé quelqu’un d’aussi différent de lui. Il tolérait mal les réceptions interminables où il lui fallait porter des vêtements inconfortables et converser avec un tact mesuré qui lui était complètement étranger.

Pour l’heure, Solo était parti s’amuser, la laissant seule dans la Cité Impériale.

Mon Mothma chargeait de plus en plus Leia de missions, lui confiant le destin de planètes entières. Elle se débrouillait bien, mais les sept années suivant la Bataille d’Endor n’avaient pas manqué de rebondissements : la guerre contre l’Imperium Ssi-ruuk, la réapparition du Grand Amiral Thrawn et son désir de restaurer l’Empire, sans mentionner le retour de l’Empereur et de ses gigantesques Dévastateurs de Mondes. Bien que la Nouvelle République semblait enfin bénéficier d’une paix relative, la guerre l’avait laissée debout sur des bases encore tremblantes.

D’une certaine manière, combattre l’Empire et unifier les factions de l’Alliance avait été nettement plus facile. A présent, l’ennemi n’était plus aussi clairement défini. Leia et ses confrères devaient ressouder les liens entre des planètes autrefois écrasées sous la botte de l’Empire. Certains de ces mondes avaient tant souffert qu’ils voulaient rester seuls, le temps de panser leurs blessures. La plupart ne désiraient pas faire partie d’une fédération intergalactique de planètes ; leur objectif était l’indépendance.

Mais des planètes indépendantes risquaient d’être envahies les unes après les autres si de nouvelles puissances maléfiques venaient à s’allier contre elles.

Leia entra dans sa chambre et se débarrassa des vêtements de diplomate qu’elle avait portés toute la journée. Le matin, le tissu était frais et éclatant. Après plusieurs heures de débats, il avait perdu toute sa beauté.

La semaine suivante, la princesse devrait organiser des rencontres avec des ambassadeurs venus de six mondes différents, afin de les convaincre de rejoindre la Nouvelle République. Quatre semblaient influençables ; les deux derniers conserveraient une complète neutralité tant que les désirs spécifiques de leurs planètes ne seraient pas exaucés.

Le plus difficile aurait lieu dans deux semaines, quand l’ambassadeur caridan arriverait. Carida, qui abritait une ancienne base d’entraînement impériale, se situait sur un territoire où subsistaient des forces de l’Empire. Malgré la mort de l’Empereur Palpatine et le renversement du Grand Amiral Thrawn, Carida refusait d’affronter la réalité. Obtenir la venue de l’ambassadeur sur Coruscant avait été une victoire… Dans deux semaines, Leia devrait le recevoir avec le sourire… et garder celui-ci quoi qu’il arrive.

Elle régla les contrôles du bain sonique pour un massage en douceur, puis elle s’allongea dans la baignoire avec un soupir de soulagement.

Autour d’elle, des fleurs fraîchement coupées, en provenance des Jardins Botaniques, embaumaient la pièce. Sur les murs figuraient des scènes qui lui rappelaient sa planète natale, Alderaan. Le Grand Moff Tarkin l’avait détruite pour démontrer la puissance de feu de son Etoile Noire : les prairies verdoyantes bruissant au vent, les créatures diaphanes qui transportaient les gens d’une ville à une autre, les usines construites dans les crevasses plongeant dans la croûte terrestre… sa cité émergeant d’un lac…

Yan s’était procuré les tableaux l’an passé ; il refusait de lui dire où il les avait trouvés. Pendant des mois, les images lui avaient déchiré le cœur, Leia pensant à son père adoptif, le sénateur Bail Organa, et à son enfance de princesse, quand elle ne soupçonnait pas son véritable héritage.

A présent, elle contemplait ces tableaux avec une certaine mélancolie ; c’était un gage d’amour de Yan. Après tout, il avait un jour gagné une planète au jeu et il lui en avait fait don pour les survivants d’Alderaan.

Il l’aimait.

Mais il n’était pas là.

Au bout de quelques minutes, le bain sonique dénoua ses muscles crispés et la rafraîchit. Leia se rhabilla de manière plus confortable.

Elle se regarda dans un miroir.

Elle ne s’occupait plus autant de ses cheveux qu’à l’époque où elle était princesse d’Alderaan. Depuis, elle avait porté trois enfants ; les jumeaux, âgés de deux ans, et Anakin. Elle les voyait plusieurs fois par an, pourtant ils lui manquaient.

A cause du pouvoir potentiel des petits-enfants d’Anakin Skywalker, les jumeaux et leur jeune frère avaient été transportés sur une planète nommée Anoth.

Selon Luke, les deux premières années d’existence étaient les plus délicates pour de futurs Jedi. Tout contact avec le Côté Obscur pouvait corrompre leur âme et leurs talents.

Bientôt, cette solitude serait terminée. Jacen et Jaina, les aînés, pourraient utiliser leurs pouvoirs de Jedi pour se protéger. Dans huit jours, son petit garçon et sa petite fille reviendraient à la maison.

La perspective de leur retour la mit de bonne humeur. Leia s’installa dans un fauteuil auto-moulant et alluma un synthétiseur musical, qui entonna le plus grand succès d’un célèbre compositeur d’Alderaan.

On sonna à la porte. Tirée de sa rêverie, elle vérifia qu’elle avait mis une tenue convenable avant d’aller ouvrir.

Son frère Luke se tenait sur le seuil, le visage dissimulé par la capuche de sa cape.

– Bonsoir, Luke ! (Elle retint une exclamation.) Oh, j’avais complètement oublié !

– Développer tes pouvoirs de Jedi n’est pas une chose à prendre à la légère, Leia, dit-il d’un ton rude.

Elle lui fit signe d’entrer.

– Je suis certaine que tu vas m’obliger à faire des heures supplémentaires.

Vu de loin, l’énorme droïd de construction avançait à faible allure, soulevant ses immenses jambes métalliques une fois toutes les demi-heures pour faire un pas. De plus près, le général Wedge Antilles et ses équipes de démolition voyaient ce même robot évoluer à une vitesse hallucinante. Ses milliers de bras articulés travaillaient sur les structures à démolir. L’usine mobile s’enfonçait plus profondément dans les bâtiments dévastés d’un ancien secteur de la Cité Impériale.

Plusieurs membres du droïd se terminaient par des chalumeaux à plasma qui abattaient les murs. Des bras collecteurs triaient les débris et déposaient métaux et verres dans les réceptacles idoines. Le reste était enfourné dans la gueule béante de la machine, où il serait recyclé en matériaux de construction. La chaleur de ses usines internes faisait scintiller l’immense robot dans la nuit étoilée de Coruscant.

Le droïd évoluait au milieu des bâtiments endommagés par la guerre civile. Avec tant de structures à réparer ou à démolir, les bras collecteurs de la machine et les filets à débris ne suffisaient pas toujours.

Wedge Antilles leva les yeux à temps pour voir se détacher un pan de mur.

– Reculez tous ! Aux abris !

L’équipe se précipita sous une voûte pour éviter les gravats qui tombaient de l’équivalent d’un vingtième étage.

– On dirait que cette tour va s’effondrer dans moins d’une minute ! s’écria Wedge. Equipe orange, restez au moins une centaine de mètres à l’écart ! Nous ignorons ce que va faire le droïd, et je ne veux pas l’arrêter. Le réinitialiser prendrait trois jours.

L’idée d’utiliser une technologie démodée et imprévisible n’avait pas ravi Antilles. Mais les droïds de construction étaient le moyen le plus rapide de déblayer la ville.

– Je vous reçois, Wedge, répondit le chef de l’équipe orange dans son communicateur. Mais si nous voyons des réfugiés, nous devrons leur porter secours, qu’ils soient plus rapides que nous ou non.

Wedge sourit. Même si, avec Yan Solo et Lando Calrissian, il avait été promu général, il se sentait toujours « un des petits gars ». Il demeurait avant tout un pilote de chasse.

Dernièrement, il avait demandé à s’occuper des travaux de reconstruction, et tant pis s’il eût préféré voler dans l’espace. A présent, il dirigeait le groupe de deux cents personnes qui supervisait les droïds de construction.

La plupart des formes de vie intelligente avaient été évacuées des bas-fonds de l’ancienne métropole. A vrai dire, certaines créatures hantant les ruelles les plus sombres ne pouvaient plus être qualifiées d’humaines. Maigres et nues, la peau livide et les yeux enfoncés, elles étaient les descendantes de ceux qui, longtemps auparavant, avaient trouvé refuge dans les profondeurs de Coruscant pour échapper à des vengeances politiques. Certaines paraissaient ne jamais avoir vu le soleil de leur vie. Quand la Nouvelle République s’était installée sur la planète impériale, un vétéran de la Bataille de Yavin 4, le général Dodonna, avait monté une mission humanitaire pour aider ces pauvres hères. Mais ils échappaient souvent à la vigilance de l’Alliance.

Les rues – ou ce qui avait été des rues des siècles auparavant – étaient couvertes de mousses et d’une épaisse couche de champignons. La puanteur des ordures et de l’eau croupie régnait partout. Des microclimats créaient des ondées dans les ruelles, mais l’averse ne sentait pas meilleur que l’eau stagnant au pied des gouttières.

Le droïd de construction marqua une pause ; le silence relatif surprit Antilles. Il leva les yeux et vit la machine tendre ses deux bras aux extrémités explosives.

Devant lui, le mur s’écroula dans un bruit de tonnerre.

Le droïd plia ses jambes hydrauliques pour entrer dans les ruines de la construction.

Une partie du mur semblait plus solide que le reste, comme si quelque chose l’avait renforcée de l’intérieur. La machine tenta en vain d’écraser la paroi sous son pied.

Le droïd émit des bruits grinçants tandis qu’il essayait de recouvrer son équilibre. Il vacilla, menaçant de tomber.

Wedge sortit son communicateur.

Si le droïd s’écroulait, il emporterait une partie du secteur avec lui, y compris la zone où l’équipe orange s’était réfugiée.

Une dizaine d’appendices métalliques prirent appui contre la façade d’une autre tour, permettant au robot de se redresser à temps.

Il s’immobilisa.

Dans le haut-parleur de son communicateur, le général Antilles entendit le soupir de soulagement collectif de ses hommes.

Wedge approcha.

Caché derrière un édifice se confondant avec le reste des bâtiments, se dressaient des parois de métal renforcées, légèrement déformées par l’impact du pied du droïd.

Antilles plissa le front.

Les équipes de démolition avaient trouvé de nombreux édifices de l’Empire, mais jamais rien d’aussi bien protégé. Son instinct l’avertit de l’importance de la trouvaille.

Il leva les yeux : le droïd s’était réorienté pour retourner vers le bâtiment renforcé. La tête penchée, la machine inspecta les parois, comme si elle analysait le meilleur moyen de les détruire. Deux bras à explosifs s’étendirent vers le sol.

Le droïd de construction ignorait quels secrets cette structure pouvait contenir. Il suivait simplement sa programmation.

Wedge connut les affres de l’indécision. S’il désactivait le droïd afin d’inspecter le mystérieux bâtiment, il faudrait trois jours pour le réinitialiser. Mais s’il avait découvert quelque chose d’important, le Conseil pourrait être intéressé. Que représenteraient alors quelques jours de plus ?

A l’extrémité des pinces explosives, des éclairs bleuâtres jaillirent à l’approche des parois renforcées. Antilles prit son communicateur, prêt à désactiver le droïd.

Bon sang, quel est le code ?

Près de lui, le lieutenant Deegan remarqua son moment de panique :

– SGW zéro-zéro-deux-sept ! souffla-t-il.

Wedge ordonna la mise hors service du robot.

Le droïd se figea à l’instant où il allait décharger ses pinces canons. Le général espérait avoir pris la bonne décision.

– O. K., les équipes pourpre et argent avec moi ! Nous allons faire un peu d’exploration.

Programmant un ensemble de spots flottants afin qu’ils les précèdent, les hommes se mirent en formation aux pieds du droïd, puis avancèrent vers les décombres.

Ils les escaladèrent, prenant garde à ne pas se blesser avec les éclats de transparacier et de métal. Wedge entendit des bruits d’animaux dans de sombres recoins.

– Faites attention, l’endroit tombe en ruine, dit-il.

Devant eux, la paroi renforcée avait été en partie éventrée, dévoilant des noirceurs insondables.

– Entrons. Restez prudents. (Antilles plissa les paupières pour percer les ténèbres.) Soyez prêts à battre en retraite à la moindre alerte. Nous ignorons à quoi nous avons affaire.

Le général approcha de l’ouverture béante.

Rien ne bougea.

Deux par deux, les ouvriers pénétrèrent dans la salle. A l’autre bout, un tunnel s’enfonçait dans le sous-sol.

Wedge examina l’endroit. Réglant les amplificateurs de lumière de sa visière, il vit des appareils, des consoles, des paillasses équipées de chaînes et de menottes. Sur leurs piédestaux reposaient deux droïds impériaux.

– C’est un centre de torture ? demanda le lieutenant Deegan.

– On dirait, répondit Antilles. Voilà qui pourrait nous livrer des informations que l’Empereur n’aurait pas voulu nous donner.

– Encore heureux que vous ayez arrêté le droïd de Construction, Wedge. Ça valait la peine de prendre un peu de retard.

Dégoûté, le général fit la moue :

– Oui, c’est une bonne chose.

Il jeta un dernier coup d’œil aux droïds d’interrogation et à l’équipement de torture. Il aurait voulu ne jamais avoir découvert ce lieu.

 

La sculpture posée sur la table de cristal de Leia bascula, puis s’éleva dans les airs.

Elle représentait un gros homme aux mains écartées, avec une bouche assez grande pour avaler un chasseur Tie. Le marchand avait assuré à Leia que c’était une véritable œuvre d’art corellienne, qui rappellerait à Yan des souvenirs de son monde, à l’instar des tableaux d’Alderaan pour elle. Quand il avait reçu son cadeau d’anniversaire, Yan l’avait remerciée, réprimant à peine un fou rire. Il avait fini par lui expliquer que la statue était en fait la mascotte d’une chaîne de restaurants corelliens…

– Reste concentrée, Leia, murmura Luke.

Il l’observait.

Le regard de sa sœur se voila ; elle ne voyait plus la statue.

L’objet lévita… puis retomba.

Soupirant, Leia s’adossa à son fauteuil. Son frère tenta de cacher sa déception tandis qu’il se remémorait son entraînement. Yoda l’avait fait se tenir sur la tête pour soulever des rochers ; Joruus C’Baoth lui avait enseigné d’autres tours. Il avait appris les arcanes du Côté Obscur auprès de l’Empereur ressuscité.

Son propre enseignement était moins rigoureux, d’autant plus que Leia annulait souvent des séances à cause de ses devoirs diplomatiques. Mais elle l’inquiétait : il travaillait avec elle depuis plus de sept ans, et elle semblait avoir atteint la limite de ses possibilités. Etant donné son héritage, la fille d’Anakin Skywalker aurait dû être facile à entraîner. Comment pourrait-il enseigner l’usage de la Force dans son Académie s’il n’y parvenait pas avec sa propre sœur ?

Leia se leva pour ramasser la statue. Impassible, son frère la dévisagea.

– Leia, qu’y a-t-il ?

Hésitante, elle répondit :

– Je me fais des idées, voilà tout. Yan aurait dû atteindre Kessel il y a deux jours. Or, il n’a même pas pris la peine d’envoyer un message. Ce n’est pas surprenant ! Je devrais m’y être habituée depuis le temps. (Elle soupira.) Parfois, je suis lasse de ne pas avoir mes enfants avec moi. Depuis leur naissance, j’ai vu les jumeaux sporadiquement, et je peux compter sur les doigts d’une main les fois où j’ai serré mon bébé dans mes bras. Comment pourrais-je me considérer comme leur mère ? Ces missions diplomatiques n’arrangent pas les choses… Maintenant, tu t’apprêtes à partir à la chasse aux Jedi. J’ai l’impression de tout manquer !

Luke posa une main délicate sur son bras :

– Tu pourrais devenir une Jedi très puissante si tu te concentrais plus. Pour suivre la Force, tu dois l’accueillir comme le centre de ta vie, et ne pas te laisser distraire.

Sa réaction fut plus violente qu’il ne s’y était attendu ; elle recula vivement :

– C’est peut-être ce qui m’effraye, Luke. Quand je te regarde, je vois l’expression sépulcrale de tes yeux, comme si une part de toi avait été consumée par les enfers auxquels tu as survécu : tuer ton propre père, combattre un clone, servir le Côté Obscur pour le compte de l’Empereur… Si c’est le seul moyen de devenir un Jedi puissant, je n’en ai pas envie ! (Elle leva une main pour l’empêcher de l’interrompre :) J’accomplis une tâche importante pour le Sénat. J’aide à reconstruire une république constituée de milliers de systèmes solaires. Peut-être est-ce là ma véritable vie ? Et peut-être voudrais-je trouver le temps d’être une bonne mère ?

Impassible, Luke la fixa. Personne ne savait plus ce qu’il pensait ; il avait perdu son innocence.

– Si c’est ton destin, Leia, il est heureux que je crée mon Académie.

Ils échangèrent un long regard.

– Mais tu dois te protéger du Côté Obscur de la Force, continua-t-il. Nous allons encore un peu travailler la défense, puis je te laisserai.

Leia hocha la tête. Il sentit qu’elle était plus déprimée encore.

Il tendit une main vers sa joue :

– Je vais sonder ton esprit. J’utiliserai différentes techniques. Tente de me résister, ou du moins d’anticiper mes attaques.

Luke ferma les yeux, et lança ses tentacules mentaux dans le cerveau de sa sœur.

Au début, elle ne réagit pas. Puis, concentrée, elle érigea un mur invisible.

Doucement, elle bloqua sa première attaque.

– Bien, à présent, je vais toucher un autre secteur de ton esprit. Résiste-moi si tu le peux.

Alors qu’il la sondait plus en profondeur, Leia montra qu’elle avait fait des progrès, parant ses coups avec plus de vitesse et de force.

Skywalker essaya de la prendre par surprise, s’attaquant au bulbe rachidien. Il doutait de rencontrer une réaction défensive. Doucement, il frôla une circonvolution isolée de son cerveau.

Il avança…

Et il eut l’impression qu’une main invisible le repoussait. Luke tomba à la renverse, recouvrant son équilibre de justesse.

Leia écarquilla les yeux ; sa bouche décrivait un « o » de surprise.

– Qu’as-tu fait ? demanda son frère.

– Qu’ai-je fait ? s’interrogea sa sœur au même instant.

Tous deux répondirent à l’unisson :

– Je ne sais pas !

Skywalker tenta de reconstituer mentalement le phénomène :

– Laisse-moi réessayer. Détends-toi.

Elle n’avait pas l’air détendue du tout quand il récidiva, retrouvant le secteur frôlé dans la zone instinctive du cerveau de la princesse. Une fois de plus, il fut repoussé avec force.

– Mais je n’ai rien fait ! protesta la jeune femme.

Luke sourit :

– Ce sont tes réflexes, Leia. Quand un droïd médical te frappe le genou, ta jambe bouge involontairement. Nous avons peut-être découvert un réflexe propre aux Jedi. Je veux que tu essaies sur moi. Ferme les yeux : je vais te communiquer l’image de ce que j’ai fait.

– Tu crois que j’en serai capable ?

– Si c’est un réflexe, il te suffira de trouver le bon endroit.

– Je vais essayer, dit-elle d’un air sceptique.

– Agis, ou n’agis pas. Essayer ne veut rien dire. C’est-ce qu’affirmait Yoda.

– Oh, cesse de le citer ! Tu ne m’impressionneras pas !

Leia posa l’extrémité de ses doigts sur les tempes de son frère. Il prit une grande inspiration, usant d’une technique Jedi pour abaisser sa garde. Il avait forgé tant d’armures mentales durant les sept dernières années qu’il doutait de pouvoir lui permettre de s’insinuer dans ses pensées. Il sentit le contact psychique de sa sœur et dirigea ses recherches vers le centre cérébral qu’il avait sondé chez elle.

– Peux-tu… ?

Leia bascula en arrière, retombant dans son fauteuil.

– Eh bien ! J’ai trouvé le secteur, mais quand je l’ai frôlé, tu m’as repoussée !

– C’était inconscient. Je n’ai pas eu l’impression de réagir. (Le Jedi se caressa le menton d’un air pensif.) Il faut essayer sur d’autres candidats. Si c’est un réflexe, ce serait un test pratique pour déterminer si certains ont le potentiel ou non.

Le lendemain matin, la navette métropolitaine sillonnait le ciel de la Cité Impériale. Le quartier nouvellement érigé par les droïds de construction étincelait comme un joyau au cœur de la ville.

L’amiral Ackbar en personne pilotait la navette. Les commandes serrées dans ses doigts palmés, il surveillait les cieux de ses grands yeux de poisson. Derrière lui, attachés à leur siège par leur ceinture de sécurité, se trouvaient Luke Skywalker et Leia Organa Solo. L’aube jetait de longues ombres sur les niveaux les plus bas de la mégalopole.

Ackbar se pencha vers le micro :

– Général Antilles, nous sommes en approche. Je vois le droïd de construction. Avons-nous l’autorisation d’atterrir ?

– Oui, monsieur, répondit Wedge dans le haut-parleur. Vous aurez un endroit parfait pour vous poser à droite du droïd.

Le Calamarien pencha la tête pour regarder dehors, puis il amorça sa descente dans les bas-fonds.

Wedge vint les accueillir après qu’Ackbar eut posé la navette près du droïd désactivé.

– Salut, Wedge ! le héla Luke. Ou dois-je dire, général Antilles ?

Son ami pilote sourit :

– Attends de voir ce que l’équipe de démolition a découvert. Je risque d’obtenir une nouvelle promotion !

– Je ne suis pas certaine que vous le vouliez, dit Leia. Vous seriez coincé par vos devoirs diplomatiques.

Wedge leur fit signe de le suivre. Il se baissa pour passer par la brèche pratiquée la veille dans la pièce renforcée. Des gens s’affairaient à l’intérieur. Leia plissa le nez de dégoût quand l’odeur pestilentielle agressa ses narines.

Il fallut quelques instants pour que les yeux de Skywalker s’adaptent à l’éclairage jaunâtre des spots flottants. Autour de lui, des techniciens fouillaient ce qui ressemblait en partie à un laboratoire, du moins jusqu’à ce qu’on remarque les deux droïds policiers.

– La plupart des équipements sont endommagés, expliqua Wedge, mais quelques machines sont peut-être réparables. L’Empereur avait placé l’endroit sous haute protection. On dirait un centre d’interrogatoire.

– En effet, acquiesça Ackbar. Evitons que ce matériel ne tombe entre de mauvaises mains.

L’attention de Skywalker fut attirée par un enchevêtrement de fils et de minces feuilles de cristal. Il plissa le front :

– C’est-ce que je crois ?

– Qu’as-tu dit, Luke ? demanda Leia.

Sans répondre, il s’agenouilla près du dispositif :

– Il y avait trois unités, semble-t-il. Elles sont probablement détruites.

– Qu’est-ce que c’est ? l’interrogea sa sœur.

Luke prit un câble : la feuille de cristal, à son extrémité, était intacte.

– J’ai entendu parler de ces objets lors de mes recherches sur les anciens Chevaliers. Durant la purge, les chasseurs de l’Empereur les utilisaient pour dénicher les Jedi.

Il découvrit un autre cristal intact, puis s’empara du bloc de contrôle qui lui paraissait le moins abîmé.

De sa main cybernétique, il nettoya la poussière qui couvrait l’appareil avant de brancher les câbles et les deux cristaux. Il alluma la machine. Soulagé, il constata qu’elle fonctionnait encore.

– L’Empereur utilisait cet équipement comme un détecteur de Force, expliqua Skywalker, afin que ses sbires puissent analyser l’aura des suspects. D’après les archives, les derniers Chevaliers redoutaient cet appareil… Mais peut-être pourrons-nous nous en servir à bon escient ?

Il sourit ; un instant, sa sœur revit le jeune fermier excité de Tatooine :

– Ne bouge pas, Leia. Je vais le tester sur toi.

Elle recula, inquiète :

– Qu’est-ce que ça fait ?

Wedge et Ackbar approchèrent pour observer l’affaire.

– Aie confiance, rétorqua Luke.

Il orienta les deux plaques de cristal vers elle. Quand il activa la fonction sonde, un fin rai de lumière cuivrée traversa la silhouette de la princesse des pieds à la tête.

Suspendu dans l’air au-dessus du boîtier de contrôle, apparut un hologramme de Leia, formé de lignes colorées correspondant à des codes. La silhouette s’auréolait d’une couronne bleuâtre.

– Y comprenez-vous quelque chose, Luke ? demanda l’amiral Ackbar.

– Analysons quelqu’un d’autre pour comparer.

Cette fois, le Jedi pointa l’appareil sur Wedge.

Quand son hologramme se forma à côté de celui de Leia, il était identique en tous points, à l’exception de l’aura bleue, inexistante.

– A présent, à votre tour, amiral.

Luke se tourna vers le Calamarien. Quand son image apparut, elle ne possédait pas non plus l’aura bleue.

– Leia ? demanda Skywalker. Pourrais-tu me sonder, pour être sûr ?

A regret, la princesse prit l’équipement et examina son frère.

Sa projection se nimba de bleu.

– Voilà un dispositif utile, soupira Luke. Il ne faut pas être doté de la Force pour s’en servir. Nous détecterons les individus ayant le potentiel en les sondant, ce qui nous sera d’une aide précieuse pour réunir les premiers cadets de mon académie. Après tant d’années, on va peut-être tirer quelque chose de bon de cette machine !

– Une super trouvaille, Luke, dit Ackbar.

– Wedge, demanda le Jedi, je désire faire une tentative. Peux-tu te détendre une minute, le temps pour moi de sonder ton esprit ?

Antilles faillit refuser, mais tous ses hommes l’observaient. Il se raidit.

– A ta guise, Luke.

Son ami ne perdit pas de temps. Les doigts sur les tempes de Wedge, il dirigea sa sonde mentale vers le centre instinctif de son cerveau et…

Rien ne se passa.

Le pilote ne bronchait pas. Luke essaya à nouveau, sans obtenir de réaction.

– De quoi s’agit-il ? demanda Wedge, inquiet. Tu as fait quelque chose ?

Luke sourit :

– Je viens d’étayer une théorie. Nous avons nouveau pas vers le retour des Chevaliers Jedi.

La quête des Jedi
titlepage.xhtml
Kevin J. Anderson - L'Academie jedi 1 - La quete des Jedi T1_split_000.htm
Kevin J. Anderson - L'Academie jedi 1 - La quete des Jedi T1_split_001.htm
Kevin J. Anderson - L'Academie jedi 1 - La quete des Jedi T1_split_002.htm
Kevin J. Anderson - L'Academie jedi 1 - La quete des Jedi T1_split_003.htm
Kevin J. Anderson - L'Academie jedi 1 - La quete des Jedi T1_split_004.htm
Kevin J. Anderson - L'Academie jedi 1 - La quete des Jedi T1_split_005.htm
Kevin J. Anderson - L'Academie jedi 1 - La quete des Jedi T1_split_006.htm
Kevin J. Anderson - L'Academie jedi 1 - La quete des Jedi T1_split_007.htm
Kevin J. Anderson - L'Academie jedi 1 - La quete des Jedi T1_split_008.htm
Kevin J. Anderson - L'Academie jedi 1 - La quete des Jedi T1_split_009.htm
Kevin J. Anderson - L'Academie jedi 1 - La quete des Jedi T1_split_010.htm
Kevin J. Anderson - L'Academie jedi 1 - La quete des Jedi T1_split_011.htm
Kevin J. Anderson - L'Academie jedi 1 - La quete des Jedi T1_split_012.htm
Kevin J. Anderson - L'Academie jedi 1 - La quete des Jedi T1_split_013.htm
Kevin J. Anderson - L'Academie jedi 1 - La quete des Jedi T1_split_014.htm
Kevin J. Anderson - L'Academie jedi 1 - La quete des Jedi T1_split_015.htm
Kevin J. Anderson - L'Academie jedi 1 - La quete des Jedi T1_split_016.htm
Kevin J. Anderson - L'Academie jedi 1 - La quete des Jedi T1_split_017.htm
Kevin J. Anderson - L'Academie jedi 1 - La quete des Jedi T1_split_018.htm
Kevin J. Anderson - L'Academie jedi 1 - La quete des Jedi T1_split_019.htm
Kevin J. Anderson - L'Academie jedi 1 - La quete des Jedi T1_split_020.htm
Kevin J. Anderson - L'Academie jedi 1 - La quete des Jedi T1_split_021.htm
Kevin J. Anderson - L'Academie jedi 1 - La quete des Jedi T1_split_022.htm
Kevin J. Anderson - L'Academie jedi 1 - La quete des Jedi T1_split_023.htm
Kevin J. Anderson - L'Academie jedi 1 - La quete des Jedi T1_split_024.htm
Kevin J. Anderson - L'Academie jedi 1 - La quete des Jedi T1_split_025.htm
Kevin J. Anderson - L'Academie jedi 1 - La quete des Jedi T1_split_026.htm
Kevin J. Anderson - L'Academie jedi 1 - La quete des Jedi T1_split_027.htm
Kevin J. Anderson - L'Academie jedi 1 - La quete des Jedi T1_split_028.htm
Kevin J. Anderson - L'Academie jedi 1 - La quete des Jedi T1_split_029.htm
Kevin J. Anderson - L'Academie jedi 1 - La quete des Jedi T1_split_030.htm
Kevin J. Anderson - L'Academie jedi 1 - La quete des Jedi T1_split_031.htm
Kevin J. Anderson - L'Academie jedi 1 - La quete des Jedi T1_split_032.htm
Kevin J. Anderson - L'Academie jedi 1 - La quete des Jedi T1_split_033.htm